Achromatisme1953–1957


Le temps perdu - Temps D
1956, 81 x 100 cm
huile sur toile
JEAN-CLARENCE LAMBERT « CLAUDE BELLEGARDE: LA COULEUR VÉCUE » SOMOGY, ÉDITIONS D’ART, PARIS, 2006
À cinquante années de distance, alors que les fausses priorités d’alors sont parties en fumée, la période blanche de Claude Bellegarde (1953-1957) nous apparaît mieux pour ce qu’elle fut: une étape marquante dans cette grande recherche d’un nouvel espace qu’a été la peinture abstraite du milieu du siècle.
PIERRE RESTANY« L’ESPACE PROFONDEUR: MONOGRAPH CLAUDE BELLEGARDE » ÉDITIONS KAMER, 1957 - extrait
Une toile de Bellegarde demeure, avant tout, un espace plein, surtendu et suractivé. La tension intérieure s’y manifeste en toute rigueur, dans les concentrations épidermiques qui constituent les affleurements du blanc.
ENRICO CRISPOLTI « L'INFORMALE » STORIA E POETICA PAR E. CRISPOLTI, MILAN, EDITORE BENIAMINO CARUCCI trans E.Crispolti,1975 - extrait
Des positions néoromantiques se produisent ainsi à partir de l’abstraction lyrique informelle, de sorte que brusquement dans cet horizon s’insèrent les tableaux que faisaient, je ne sais pas, par exemple un Bellegarde ou un Laubiès dans les années 1953-1954-1955 et qu’il faudrait placer à côté de ceux de Ryman et compagnie. Bellegarde par exemple faisait de la peinture gestuelle qui se résolvait dans une matière blanche, des tableaux par ailleurs très beaux. Il serait un précurseur.
JEAN–LOUIS PRADEL « LA PEINTURE BLANCHE » 1977 - extrait
La présence aujourd’hui de ces peintures de Bellegarde est décisive, comme le fameux Carré blanc de Malévitch, la Fontaine de Duchamp ou l’exposition du Vide de Klein, il s’agit là d’un repère inévitable, une balise du regard pour que tout soit de nouveau possible.
RAOUL-JEAN MOULIN « AQUISTIONS CATALOG FDAC, MUSÉE D’ARTCONTEMPORAIN DU VAL DE MARNE » MAC-VAL 1989 - extrait
Restitué dans les conditions de crise spirituelle et existentielle qu’il vécut à l’époque, le geste de Bellegarde était métaphysique, vraisemblablement, mais il était et demeure avant tout physique – car le peintre, et particulièrement Bellegarde dont la pratique en témoigne, pense à partir de ce qu’il peint et non l’inverse, pour paraphraser Aragon.
JEAN LANCRI« LA LIGNE BLEUE 1957 » REVUE RECHERCHES POÏÉTIQUES 1995 - extrait
Il est chez Claude Bellegarde un tableau conservé par l’artiste dans les hauteurs de son atelier. Suspendu sous le plafond, au-dessus de l’entrée, il apostrophe quiconque passe le seuil au moment précis où chacun se retourne vers lui.
Vu comme en lévitation, ce tableau donne de la hauteur à qui le regarde: hauteur de vue, hauteur de vie. Il n’est pas, selon nous, de meilleure entrée pour l’œuvre entière du peintre, de meilleur accès à « l’être-au-monde » d’un artiste qui, sa vie durant, aura délibérément conjugué l’approche éthique et l’approche esthétique en un même point de vue.